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Avignon. Recenzja Le Monde z Aniołów Warlikowskiego

Oryginalny tekst recenzji z "Aniołów w Ameryce" w reż. Krzysztofa Warlikowskiego, opublikowany w dzisiejszym (18 lipca) wydaniu Le Monde.

Au coeur de la nuit du lundi 16 au mardi 17 juillet, on pouvait voir des gens sortir du lycée Saint-Joseph, un peu sonnés de fatigue, mais plus encore d'émotion. Ils venaient d'assister aux six heures d'Angels in America, la piece de l'Américain Tony Kushner, mise en scene par le Polonais Krzysztof Warlikowski. "Vous etes formidables, tous. Je vous bénis. Que la vie continue", avait dit l'acteur jouant Prior Walter, en regardant les spectateurs, vers trois heures et demie du matin. C'était la derniere réplique. Elle s'entendait comme un au revoir, l'issue d'une traversée qui laissait chacun sur le quai, face soi.

Depuis qu'elle a été créée, Los Angeles en 1990, Angels in America a conquis la planete. Sous-titrée "fantaisie gay sur des themes nationaux", elle raconte en parallle l'histoire de deux couples, tout au long des années 1980. Le premier est formé par Prior, un ex-travesti issu d'une grande famille protestante, et Louis, un intellectuel juif. Le second réunit - mal - Joe et sa femme Harper. Tous les deux sont mormons. Harper trompe un vieux désespoir en ingurgitant du Valium. Joe assume mal son homosexualité. L'avocat Roy Cohn, dont il est l'amant, l'incite rejoindre le département de la justice Washington.

La piece commence le jour de l'enterrement de la mere de Louis. Prior apprend son ami qu'il a le sida. Roy Cohn se découvre malade, mais refuse le diagnostic du sida. "Je ne suis pas homosexuel. Je suis un hétérosexuel qui couche avec des hommes", dit-il. Cet avocat a réellement existé. Il affirmait avoir un cancer du foie, et trempait dans l'affairisme reaganien, qui est une toile de fond de la piece de Tony Kushner, composée de deux parties : "Le Millénaire approche" et "Perestroka".

Cette part américaine d'Angels in America n'intéresse pas au premier chef Krzysztof Warlikowski. Pas seulement parce qu'il la trouve datée. Mais parce qu'il veut donner une perspective plus large que celle du sentiment national et de l'apparition du sida. Son adaptation s'ancre dans la réalité d'aujourd'hui - comment vivre en étant homosexuel - et dans le fond religieux - comment concilier la faute et le pardon.

Ce dernier theme traverse le théâtre de Warlikowski. Né d'un pere catholique et d'une mere juive assimilée, ce Polonais de 45 ans ne cesse de revenir sur la question du poids de l'héritage. Il a grandi dans une Pologne ou les homosexuels étaient d'une certaine façon protégés, parce qu'ignorés du régime communiste. Le retour en force du catholicisme qui a accompagné l'entrée dans l'ere libérale a réactivé la méfiance envers les homosexuels, quand il ne s'agit pas de leur rejet.

Le regard que porte Warlikowski sur Angels in America donne une tonalité la fois actuelle et immémoriale a la piece. Plus que les idées qui ont poussé Tony Kushner écrire, ce sont les etres qui sont au centre de l'adaptation du metteur en scene. On les suit dans le long cheminement qui mene chacun a etre soi.

Louis quitte Prior quand il apprend que ce dernier a le sida. Prior peut-il (ou non) lui pardonner d'etre abandonné ? Joe annonce sa mere qu'il est homosexuel. Sa mere lui répond : "Cette conversation n'a pas eu lieu." Joe peut-il (ou non) pardonner sa mere ? Sa mere peut-elle (ou non) pardonner a son fils ?

UNE TENDRESSE ÉNORME

Ne pas avoir peur. Tenter de fuir le mensonge. S'échapper de la prison familiale. Composer avec la responsabilité. Remettre en cause la religion. Accepter la mort. Avec Warlikowski, tout avance en meme temps que le sida gagne du terrain. Mais jamais la maladie ne prend les couleurs d'un réalisme tranché, qui couperait dans le vif. Elle est le catalyseur d'une société menacée, ou chacun tente de trouver sa place. En faisant appel aux anges s'il le faut : la survie peut bien se l'accorder.

Il y a une tendresse énorme dans cette version 2007 d'Angels in America, ou l'on retrouve l'ambiance Warlikowski, tissée de beauté plastique, d'une mise en scene sobre, et d'une direction d'acteurs exceptionnelle. Et il y a une façon de jouer la polonaise, qui conjugue la précision l'américaine, et une charge émotionnelle souterraine. Pas un instant les comédiens ne faiblissent. Ils sont de si haut niveau, et d'une humanité si juste, qu'on les suit jusqu'au bout de la nuit, quand le spectacle s'acheve, au-del de la peur et de la mort, par ce salut chacun adressé : "Vous tes formidables, tous. Je vous bénis. La vie continue."

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